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La digitalisation du parcours patient

La dentisterie vit une période passionnante. Les équipements se sont considérablement sophistiqués : imagerie 3D, scanners intra-oraux, impression 3D, bientôt biotechnologies régénératives. Pourtant, l’organisation quotidienne des cabinets reste souvent ancrée dans des pratiques anciennes. La question de la digitalisation du parcours patient illustre parfaitement ce paradoxe.

Ce que je souhaite partager ici n’est pas une vérité définitive mais une réflexion ouverte. La digitalisation est en marche, mais de manière très hétérogène. Certains cabinets ont déjà intégré des solutions avancées, d’autres en sont encore aux appels téléphoniques classiques. C’est un sujet d’exploration, qui mérite d’être posé clairement sur la table.

Le premier point d’achoppement est bien connu : le téléphone. Dans la majorité des cabinets, c’est encore l’unique porte d’entrée. Les patients appellent, souvent au moment le moins opportun, et les assistantes passent un temps considérable à répondre. On sous-estime ce que cela représente : des heures entières consacrées chaque semaine à des échanges répétitifs, alors que leurs compétences pourraient être mieux employées sur des tâches cliniques et organisationnelles à haute valeur ajoutée.

Pour les patients non plus, ce modèle n’est pas satisfaisant. Joindre un cabinet, patienter, rappeler plusieurs fois si la ligne est occupée, tout cela contraste avec les standards actuels de la vie numérique. Les familles, en particulier, expriment leur frustration : organiser les rendez-vous de plusieurs enfants devient une épreuve de logistique.

Pourquoi ne pas tout basculer en ligne, comme cela se fait ailleurs en médecine ? Parce que la dentisterie a une spécificité : la variabilité des soins. La durée d’un rendez-vous n’est jamais standard. Entre un contrôle, un détartrage, une endodontie ou une extraction complexe, le temps au fauteuil diffère. Les paramètres changent aussi selon l’âge, l’état de santé, ou le matériel requis. Une plateforme générique qui propose des créneaux figés ne répond pas à cette réalité.

Cela ne signifie pas que rien n’est possible. Les solutions existent déjà, mais elles doivent être intelligentes. On peut imaginer un système où le patient commence par répondre à quelques questions simples : « Est-ce une douleur urgente ? », « Est-ce un contrôle ? », « Est-ce pour un enfant ou un adulte ? ». Ces informations permettent d’orienter vers un créneau adapté, tout en laissant au cabinet la possibilité d’ajuster. L’agenda devient semi-automatisé, intégrant des durées paramétrées selon les types de soins. Des rappels automatisés par SMS ou e-mail viennent compléter le dispositif et réduisent considérablement les rendez-vous manqués.

Ce modèle n’est pas seulement une question d’efficacité. Il redéfinit le rôle des assistantes. Libérées du standard téléphonique, elles peuvent se concentrer sur la coordination des soins, la stérilisation, l’accueil des patients sur place, le suivi numérique des dossiers. Leur métier se valorise, et le patient y gagne en qualité de prise en charge.

Au-delà du rendez-vous, la digitalisation transforme d’autres aspects du parcours. L’information et le consentement deviennent plus clairs grâce à des supports numériques : vidéos explicatives, signatures électroniques sur tablette, archivage sécurisé. Le patient comprend mieux, s’engage davantage et le praticien gagne en sérénité juridique.

L’expérience au fauteuil est elle aussi enrichie. Les outils numériques permettent de projeter une imagerie 3D, de simuler un traitement, de montrer en temps réel la progression des soins. Ce qui relevait hier d’un discours technique devient une image partagée, compréhensible, qui renforce la confiance.

Après la consultation, le lien se poursuit. Télé-dentisterie pour un suivi rapide, envoi de photos par le patient, applications de rappel pour l’hygiène ou le port d’aligneurs : autant de solutions qui fluidifient la relation et fidélisent. Pour les familles, c’est aussi une manière de garder la main sur le suivi des enfants sans multiplier les appels ou les visites.

Bien sûr, cette digitalisation pose des défis. Centraliser les données, garantir la sécurité et la confidentialité, rester conforme au RGPD : tout cela suppose une organisation rigoureuse et de nouveaux outils de cybersécurité. Les cabinets doivent se préparer à gérer non seulement des patients mais aussi des flux de données sensibles.

À plus long terme, ces données permettront d’aller plus loin encore. Avec l’intelligence artificielle, il sera possible de repérer précocement les risques carieux ou parodontaux, de proposer des suivis prédictifs, de constituer un carnet de santé bucco-dentaire numérique qui accompagnera le patient tout au long de sa vie. La dentisterie deviendra non seulement réparatrice mais aussi préventive et anticipatrice.

Nous ne sommes pas encore à ce stade, mais il est certain que la transformation a commencé. Elle avance de manière inégale, selon les régions, les générations et les moyens des cabinets. C’est pourquoi il faut la regarder avec lucidité : non comme un standard déjà installé, mais comme un champ d’expérimentation.


En résumé, la digitalisation du parcours patient n’est pas un gadget. Elle est un levier pour libérer du temps, revaloriser les assistantes, simplifier la vie des patients et professionnaliser encore davantage la dentisterie. Elle doit être pensée avec intelligence, sans renier la complexité propre aux soins dentaires. Et elle doit être anticipée dès aujourd’hui, car elle ne fera que s’amplifier dans les années à venir.

Chez Cime Dentaire, nous accompagnons cette réflexion. Nous savons que ce chemin ne sera pas uniforme, mais nous croyons qu’il est incontournable. Car demain, un cabinet dentaire performant sera autant un lieu de soins qu’un hub technologique, centré sur l’expérience et le confort du patient.

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